Destruction

C’était un de ces endroits ou les arbrisseaux s’éveillent au printemps
Et ou les larges prairies étaient brodée de fleurs
De toutes les couleurs
Puis ils sont arrivés, avec leurs gros sabots
Rien ne devait subsister
Et je ne saurais reconnaître
Ce havre de mon enfance
J’y ai caché mes rêves et mes secrets
J’y ai vécu les histoire les belles
J’étais le magicien dans sa tour d’Ivoire
Ou le chevalier combattant mille dragons
Et parfois quand les grandes personnes ne regardaient pas
J’étais la princesse en émoi guettant son amant
Maintenant, la grisaille a effacé la verdure
Et les automobiles on remplacés mes chevaux
Et ma tour d’ivoire effondrée est devenue un immeuble aux arêtes tranchantes.

beau texte nostalgique, Absinthe

J'ai connu ce genre de lieu où l'on passe une partie de son enfance... Moi c'était un terrain vague, entouré de ronces... il y avait un camion qui rouillait, le moteur éventré... il y avait notre cabane.. premières clopes, premiers alcools, premières photos de femmes à poil.... Et puis ils ont construit une clinique, sans rien nous demander!!! Alors pour se venger on cassait les vitres...

Moi, le lieu de mon enfance dans les années 50, c'était La Baule... Mes parents louaient une maison sur le boulevard, face à la mer. La Baule n'avait pas le statut qu'elle a maintenant et la plage était une succession de dunes où couraient des herbes folles... Elle était bordée de jolies villas comme on en voit plus sauf, peut être à Dinard. J'ai vécu la transformation et les travaux de réfection du bord de mer :après l'école, je montais avec les ouvriers sur les tractopelles qui nivelaient la plage et je m'amusais follemnent, sans savoir que l'âme de cette petite station allait être détruite !
Lorsque j'y retourne aujourd'hui, bizarrement, l'une des seules villas restant sur le boulevard est celle où j'ai vécu, perdue entre des immeubles plus laids les uns que les autres, elle attend sans doute qu'on lui règle son compte... Et je ne peux m'empêcher d'en vouloir, un peu, à mes parents de ne pas l'avoir achetée lorsqu'ils en ont eu l'occasion...
Rendez vous compte des "cou--les" en or que j'aurais pu me faire !!!
De rage, quand je vais me baigner sur la plage, en face comme lorsque j'avais 10 ans, et ben je pisse dans l'eau!!!

C'est sans doute un problème d'électrolyse inappropriée: lorsqu'on a des testicules en métaux non précieux, le contact avec une eau chargée en chlorure de sodium provoque une miction.

Si la même eau est chargée en blondasses, le contact provoque une érection.

Cf " Quéquête du sens et physiologie littorale" Editions du Perce-Naej

Absinthe , un texte qui nous évoque forcément quelque chose , à nous tous !
Moi , j'ai juste un peu trop déménagé pour savoir ce que les promoteurs ont fait de mes lieux magiques d'enfance , finalement ça vaut peut-être mieux , qui sait ?

On a tous un banc, un arbre ou une rue
Où on a bercé nos rêves,
On a tous un banc, un arbre ou une rue
Une enfance trop brève. (Séverine, Eurovision 1971)

Perso, j'habite le même quartier depuis mes quatre ans, et il n'a pas tellement changé... En tout cas, très beau retour, Absinthe!

Quel plaisir de retrouver la "patte" d'Absinthe dans ce poème si nostalgique !!