Voila une petite suite de 3 textes... y en ptet qui sont déjà passés sur ce forum mais boun c'est pas grave... C'est toujours un plaisir de me lire...
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Les uns
Les uns, s’ils étaient un, seraient encore acceptables. Las ! ils sont multiples, masse grouillante et bruyante. Ils ne cessent de bouger… Ils m’encerclent et m’étouffent, étouffent la révolte en moi. Les uns n’ont qu’une idée, comme s’il n’y avait qu’un cerveau pour la ruche, une sorte de reine. Elle est immortelle et les uns l’adulent. Les uns ont tous le même visage et se haïssent et se battent sans cesse… Les uns au fond sont comme…
Les autres
Je fus très tôt touché en plein coeur par l'abjection des autres, ces autres qui, remuant sans cesse la fange originelle, se débattent contre leur propre existence.
Ceux-là qui ignorent que leurs babillages intempestifs sont voués au néant. Que restera-t-il de leurs artifices de réflexion?
Je reste, observateur silencieux, témoin du déballage de leurs grandes idées.
Leur esprit semble exploser s'éparpillant au gré de leurs illusions, incarnant la sombre monotonie du monde.
Les autres vont et viennent en courrant derrière leurs rêves mais la corde est brisée, rompue en maints endroits.
Ils ont beau courir et s'agiter, sortir du rang et y retourner rien n'y fait, ils sont vides.
Je suis l'invisible chroniqueur, le vestige des autres. Inexorablement attiré par le monde je ne peux fuir mon rôle. Tout est défini pour que les rouages de la société, malgré le dégoût qu'elle peut inspirer, ne se grippent que rarement... trop rarement.
Et moi
Et moi, quand est-ce que j’existe ?
J’ai refusé leurs idées, aux autres…
J’ai refusé leur visage aux uns. Et puis quoi… devrais je me conformer à des idéaux périmés comme les uns et les autres ? Dois-je abandonner mes voix ?
Au fond j’aime ne pas exister aux yeux des Uns et des Autres, j’aime les observer, silencieux, songeur et admiratif… Qu’il doit être agréable de ne pas penser !
De s’oublier sans cesse…
Les Uns et les Autres, ne me remarquent pas et c’est peut-être ça que me fait exister…
Ils m’ignorent et je les remercie…