A vous entendre,
L’était de la graine de potence,
Du bois dont on fait l’échafaud.
L’était de la graine de violence,
Du bois dont on fait les voyous.
Il aurait pu, si le soleil,
Au lieu d’être dans ses cheveux,
Avait profité de son sommeil
Pour mettre du rêve dans ses yeux.
Il aurait pu être comme vous Monsieur
Mais son cœur était d’un gris banlieue.
A vous entendre
L’avait ce regard de méfiance,
Aussi dur qu’il en était beau.
Savait pas c’qu’était la chance,
Lui qui perdait à tous les coups.
Il aurait su, si le soleil,
Au lieu d’être dans les nuages,
Avait pu saluer ses réveils
Pour lui donner d’autres courages.
Il aurait pu être comme vous Monsieur
Mais son cœur était d’un gris pluvieux.
Pourtant l’était graine de semence,
De c’bois vert qu’on peut greffer.
Mais personne n’a eu la patience
D’attendre de le voir bourgeonner.
Pas d’amour mais d’l’indifférence
Et seulement la rue pour étudier.
Il aurait pu être comme vous Monsieur
Mais son âme était de ce gris banlieue.
L’est devenu graine de souffrance,
De ce bois qui n’donne rien de bon.
L’aurait fallu que le ciel,
Si timide entre les maisons
A l’heure où la mémoire s’éveille,
Puisse dévoiler ses horizons.
Il aurait pu être comme vous Monsieur
Mais son âme était de ce gris pluvieux.
A vous entendre
C’était de la graine de potence,
Du bois dont on fait l’échafaud.
Quand l’bourreau en toute ignorance
Est venu pour son triste boulot,
Il aurait fallu, mais le soleil
N’a pas voulu, même ce jour là,
Jeter un rayon dans la corbeille,
Quand sa pauvre tête y roula.
Trop tard pour apprendre de ses silences,
Qu’après tout l’était né graine d’innocence