Je me promène dans les rayons de lingerie féminine. Des heures. Des heures à bander. A fantasmer. A rêver pour des croisières sur vos mers de peaux. Des mers à découvrir, à explorer; des profondeurs à visiter, des précipices où je m'engloutis à chaque duel.
Imaginer des corps dans tous ces dessous unis, à fleurs, vaporeux, satinés. Tous ces ensembles culottes soutien-gorges exhibés aguicheurs à mes yeux de voyeur. Tous ces balconnets généreux auxquels je grimpe en triquant à la lune. Ces formes arrondies qui adoucissent la vie. Des dunes sous le voile. Des corbeilles de fruits ronds pour sucrer mes lèvres. Ces jardins suspendus à ma bouche. Ces bretelles à faire glisser sur une épaule nue, d'un baiser. D'un coup de langue qui tangue. Ces putains d'agrafes, alors que tu es chaud bouillant, qui te narguent, te laissant croire que tu as l'onglée...
-Va doucement! Doucement!
Toutes ces culottes qui vont cacher des trésors, que je devine où qu'elles dévoilent. Ces fesses rondes enveloppées de soierie ou offertes en deux quartiers accueillants des chemins d'aventures pour me faire découvrir les soleils, au bout du voyage, exténué. Des culottes transparentes à réveiller tous les démons et tous les satans, des culottes qui gardent secret le duvet, épilé ou rasé, et puis le bouton de rose aussi. Quelques centimètres qui enveloppent des ventres pour déposer ma tête, m'imbiber des effluves jouissives et fermer les yeux pour mieux écouter leurs souffles. Des petits triangles de tissu chatoyant qui scintillent comme des guirlandes sur un sapin de Noël... Ces paquets cadeaux que je languis d'ouvrir... Ces feuilles de vigne qui cachent la source de nectars.. Ou des voiles qui dissimulent l'astre plein à qui je voudrais conter fleurette... Ces encorbellements satinés que je veux dessiner de mes mains... Des petits bouts de tissus qui me mènent par le bout du nez, et je tiendrai ma langue, je ne dirai rien à vos mecs de ces ficelles qui font de moi une marionnette... Tirez, tirez, mesdames....
Et puis les bas... Noirs, blancs, roses, rouges.... Des écrins qui m'électrisent, que je lèche du talon jusqu'à mi-cuisse, avant de m'évanouir dans le pli de votre aine, mes amours... Le liseré de dentelle où mes lèvres s'attardent avant de se balancer aux jarretelles. Ce tour de taille que je mesure de mes ongles à vos frissons. Ces jambes gainées qui se croisent et se décroisent, chuchotis à mes oreilles, et je mate à me brûler les yeux, à me distiller les prunelles à guetter un peu de peau laiteuse ou bronzée... Ces cuisses enrubannées de lycra ou de soie devant lesquelles je prie à genoux ....
Les caracos au charme décontracté sous lesquels se dressent des seins nus, fiers ou un peu fanés d'avoir tant réconforté. Petites nuisettes pour faire des dentelles à ma nuit. Des guêpières pour les après-midi de jeu moins soft à foutre le bourdon au marquis de Sade. Ou je vous imagine reine ou maîtresse.. Et moi bouffon ou esclave... Des bustiers qui vous sculptent en Vénus moi qui ne croit ni ne croît en dieu mais que diable vous rendez contemplatif.. Les négligés que je n'oublie pas, coquins ou timides, à ras des reins, et les déshabillés qui me rendent muet, juste pour vous parler avec les mains...
Je m'attarde à délirer... Vous proposer mes yeux pour assister aux essayages. Vous admirer. Vous guider dans vos choix. Fondre dans la glace où vous vous offrez... Vous dire que vous êtes belles.. Que je crève pour vous. Que j'en mourrai.
Tous ces froufrous c'est fou, c'est frais, ça me rendrait fou, c'est fait.
J'aime pas les bodys...
Je me crame
Dans mes fours
Je croque-madame
Trois p'tits tours
Et puis s'envolent
En éclats frivoles