Interview de Nadia et Horacio

Mesdames et mes vieux… Euh… Chers mamies des Folies Bergères.. Euh… Chers amis du Fol Univers, je suis t’un peu zému, parce qu’en ce jour de ce soir, je vais recevoir et interviewer, pour leur centième post, les deux citoyens les plus illustres de Polygonie-Polyniaiserie, le couple infernal, les amants terribles, le tandem dont on ne sait trop s’il s’apparente plutôt à Barbie et Ken ou à Bonnie and Clyde, j’ai nommé Nadia et Horacio !

Rhapsody in Blue de Gerschwin

C’est à nous !!! Mais dis donc, Horacio, laisse-moi passer ! Les dames d’abord, et puis tiens, prends ça dans le tibia, ça t’apprendra la galanterie ! Et voilà, on fête le centième ! C’est un petit post pour moi, mais un grand bon pour la Polyniaiserie ! Hélààààààà…
*Nadia tombe par terre, c’est pas la faute à Voltaire*

Excuse-moi de t’avoir bousculée, ma troglodyte, c’est l’enthousiasme ! Bon, va falloir qu’on se farcisse l’interview ! C’est le revers de la médaille, on est des vedettes, à présent, avec tout ce que ça implique comme obligations… Aïe ! Pas sur l’oreille, Nadia !

Chère Nadia, cher Horacio, installez-vous confortablement… J’ai ici quelques questions que se posent les Folusiens qui ont envie de mieux vous connaître. Vous avez droit à un joker si une question vous paraît embarrassante, mais on va commencer tout de suite par une question indiscrète, pour vous mettre à l’aise : comment vous êtes-vous connus, et quel événement a marqué votre première rencontre ?

Horacio a l’art de bien la raconter, celle-là ! Vas-y, mon ostrogothique flamboyant !

Très belle rencontre ! Nadia a été engagée comme serveuse au bar des Tadornes environ un mois après mon entrée en service comme maître nageur sur la grande plage de Polyniaiserie. On se croisait régulièrement depuis deux ou trois semaines, mais on ne se connaissait pas ; on échangeait des banalités, on se tutoyait machinalement, comme on le fait entre gens qui bossent dans la même station balnéaire. Mais je pensais déjà : « Ouah, cette nana, si c’était de la pintade, j’en laisserais pas une aile ! »

Je reconnais bien là ton romantisme échevelé, mon anti-héros hugolien ! De mon côté, j’avoue que je pensais : "Qu’est-ce que j’aimerais avoir ce mec dans mon lit ! Il est beau comme une station de métro !"

Je vois, je vois… Entre l’un qui a des velléités d’anthropophagie et l’autre qui rêve de voir passer le métro dans son lit, on s’attend forcément à l’éclosion d’une passion fusionnelle. Et donc ?

Donc, un jour où j’étais dans le secteur de la plage réservé au personnel, j’ai voulu répéter le fameux Saut du Dauphin, je me suis élancé du plongeoir spécial, et… je ne sais pas ce qui s’est passé, j’ai mal calculé mon élan ou la marée s’est retirée brusquement, toujours est-il que j’ai atterri sur Nadia qui se faisait bronzer sur la plage déserte.

Ce fut notre premier contact dermique. Je lui ai dit "Quand on sait pas plonger, on plonge pas.", il m’a répondu "Quand on sait pas bronzer, on bronze pas.", et on s’est battus.

C’était formidable ! Je m’étais souvent battu, mais jamais avec une fille, et là, j’ai trouvé une adversaire à ma pointure. Après vingt minutes de bagarre, on a stoppé les hostilités, on était claqués. Puis, on s’est regardés, et on s’est souri…

Et ensuite, lequel des deux a dragué l’autre le premier ?

Ce devait être moi ! Je lui ai dit, un peu platement, "Bravo pour ta combativité.", elle a répondu "Ton direct du gauche, quel art, c’est du Rabelais !" Alors, je me suis senti inspiré, je lui ai dit : "Quand on se bagarre avec toi, les étoiles et les astéroïdes qu’on voit clignoter après la bataille sont encore de toi." Et on s’est livrés immédiatement à un autre genre de tendre corps à corps.

Comme quoi Roméo, plutôt que de ferrailler avec Tybalt, aurait mieux fait de se bigorner avec Juliette, on aurait sûrement évité un drame à la fin. Certains Folusiens se demandent comment vous faites pour vous supporter mutuellement, et ce que vous appréciez surtout l’un chez l’autre.

L’amour aide à tout supporter, et je trouve chez Horacio toutes les qualités que je désire, c’est mon roi de la jungle et mon doux fauve. Il a le courage physique de Tarzan, l’espièglerie de Mowgli, la sagesse d’Akela quand il veut, et le côté surréaliste de Félix le chat.

Ce que j’apprécie surtout chez ma Nadia, ça se résume en une phrase : c’est un garçon manqué, mais une fille très réussie.

Dans toutes les histoires de couple ou presque, on voit intervenir le personnage de la maman / belle-maman de l’un ou de l’autre. Chez vous, point de belle-maman, et point de famille. Comment se fait-ce ?

Je suis fille unique, mes parents n’ont pas voulu prendre le risque d’en faire une autre. Je viens d’un milieu grand-bourgeois, avec lequel j’étais en gros décalage, j’étais pas le genre piano-napperons, je me bagarrais avec tout ce qui bougeait… Et un jour, j’ai claqué la porte ! Depuis, je me suis rabibochée avec ma famille, mes parents connaissent Horacio, mais on leur cache un peu le côté, disons, extravagant de notre existence. Bref, quand je vois mes géniteurs, c’est plutôt pour parler art et sciences sociales, mais pas pour aborder les aspects les plus passionnants de ma vie.

Pour ma part, j’ai suivi le chemin inverse de celui de Nadia. Mon père a été garde du corps, espion, cambrioleur, et maintenant, je sais pas, il doit être en prison ou dans un ministère… Je suis né de mère inconnue, c’est très rare, mais pas si aberrant si on considère la mauvaise tenue des maternités dans notre quartier, le hasard qui a fait accoucher les cinq maîtresses de mon père en même temps, et la hâte de ces dames à mettre le plus de kilomètres possible entre elles et lui. Pour m’oublier, faut croire que ma mère était la plus distraite de toutes. Bref, devenu adulte, je n’ai plus supporté l’idée d’être chez les baronnets de la pègre, et j’ai débarrassé le plancher, comme Nadia. C’est dans le milieu de mon père que j’ai appris le pugilat, et c’est grâce à d’autres milieux que je me suis cultivé les neurones.

Passons à des thèmes plus légers… Avec quel folusien (pour Nadia) ou quelle folusienne (pour Horacio) voudriez-vous partir en vacances ?

Pour moi, sans hésitation, ce serait notre biographe… Comment s’appelle-t-il déjà, tu vois qui je veux dire, Horacio, le gars avec un drôle d’accent… Louis le Funky, Léandre le Huski, je sais plus ! Ainsi, je pourrai continuer à lui dicter nos souvenirs, et surtout, c’est le seul qui me connaisse assez bien pour savoir qu’avec moi, aucune partie de tagada-zim-boum-pouet avec un autre pignouf qu’Horacio n’est envisageable.

Je prends Ernestine Lebrave. D’abord, comme elle pourrait être mon arrière-grand-mère, je ne risque pas d’avoir de tentation, et comme elle ne comprend visiblement pas grand-chose à ce qui se passe sur le FolU, je n’ai pas de tentatives de chantage à craindre de sa part.

Dans votre couple, qui de vous deux porte la culotte ? Non, Nadia, laisse tes sous-vêtements tranquilles, de toutes façons, on se doute bien qu’il y a deux siècles et des soupières, à la Révolution, tu aurais fait partie des sans-culottes. Bon, vous m’avez compris, y a-t-il dans votre couple un dominant et un dominé ?

Une fois qu’on a fini de débattre de ce sujet, Nadia n’a plus de culotte et je n’ai plus de calebut, donc, la question cesse de se poser.

Nadia, un folusien intéressé te demande : "Pourrais-tu tromper Horacio, et si oui, où et à quelle heure ?"