LE FOL UNIVERS DE GASTON LEBRAVE
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 J'aurais dû te dire que je t'aimais

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3 participants
AuteurMessage
pascal
grand(e) fêlé(e) du bulbe
pascal


Nombre de messages : 6815
où t'habites? : là où l'amour tarde....
Date d'inscription : 14/09/2004

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MessageSujet: J'aurais dû te dire que je t'aimais   J'aurais dû te dire que je t'aimais Icon_minitimeDim 19 Sep - 22:13

Essai... je remercie pour leur participation : Queen, Mozart, Haendel, Willy de Ville et Joseph mon chat



J'aurais dû te dire que je t'aimais







La ville était moite. De pleurs. D’averses de cris.

Des couteaux de lumière tailladaient encore le ciel noir de sommeil.

Au loin ils se battaient toujours.

Aux balcons quelques yeux rouillaient sur le défilé des chars, exorbités par les éclairs des gyrophares dans les enfilades de rues au bitume gangrené de trous d’obus. La vie, ou plutôt la survie, c’était quelques mètres sous terre, dans les caves, entre les containers puants. Là où s’enterrent les habitants et se terrent d’autres peuples, les cafards, les rats et les lâches.

L’enfant pleurait. Une petite fille. Avec une robe rouge. Du sang de sa mère adossée sans vie sur une porte et dont les yeux bleus ouverts surprenaient dans la fadeur crue et froide qui tombait d’une ampoule de 60 watts se balançant aux râles des agonisants, blessés en tout genre et autres apeurés.

Quand le dernier est entré, sans un mot, le regard vide et mort, nous avons compris. De suite. Impossible de sortir. Nous allions rejoindre les rats, devenir fous, nous entre-déchirer, nous soutenir puis nous haïr, peut être capituler. Une odeur fétide se répandait, une transpiration âcre et aigre s’exhalait de nos corps, ça suintait la mort de tous nos pores, la peur nous imprégnait de sa marque de fabrique, certains pissaient sur eux et cette perte acidulait un peu l’air ambiant.

Putain! Mais quand les largueront-ils leurs saloperies de bombes? Au plus vite, messieurs les vainqueurs; dépêchez-vous… attendre est plus insupportable que mourir. Mourir c’est rien, dans ces circonstances, tu ne t’en aperçois même pas que tu fermes les yeux à toujours, tu respires tu inspires tu respires tu plus rien hop fini tagada tsoin tsoin claironnent les trompettes du gagnant mais tu t’en fous t’es déjà dans l’ailleurs, juste ton billet aller, terminus va savoir où, de toute façon ça peut pas être pire qu’ici.

J’ai vomi dans une poubelle. Tout ce que je n’avais pas mangé depuis deux jours, ça étripe ces hoquets mais ma douleur était loin de cette cave. Et beaucoup plus violente. Les snipers nous avaient séparés, de leurs tirs en continu, ne visant que nos têtes, nous éclater la pensée, nous disperser la rébellion, écrabouiller nos idéaux, éclabousser nos désirs, nous séparer et nous taire à jamais.

J’ai senti ta main lâcher la mienne, subitement, je t’ai traînée sur quelques pas emporté par notre course. Je me suis retourné, je n’ai pas pu crier, les mots s’étranglaient dans ma gorge, mes cris se bloquaient dans mon cœur, de ton beau visage il ne restait qu’une énorme tâche rougeâtre qui dégoulinait. J’ai eu peur. J’ai fui. Un lâche. Un veule. Un mec. Qu’aurais-je pu faire? Ça c’est pour ma conscience, c’est juste ce qu’il me reste. Avec les souvenirs, et ceux-là me torturent, me triturent, me capturent me ceinturent me fracturent me saturent me courbaturent. Les souvenirs c’est un trépan, ça te fouaille les entrailles, le couteau dans la plaie, un putain de chemin de crois-moi-je-t’aime-merde, une nausée salope qui te renvoie tout le meilleur et qui te laisse en bouche le moins bon, l’erreur, la connerie, l’oubli. Les souvenirs sont des rapaces qui t’obligent à l’hier, des charognards qui planent dans ton cœur prêts à te dépecer le moindre remember, à te disséquer le passé en tranches, des accros du replay, ils te bouffent l’aujourd’hui avec des relents de poussières, te rejouent le parcours du con battu, remake et même si tu veux changer la fin tu peux pas… salauds!

Je n’ai plus la force de pleurer. Mes larmes sont sèches. Mes yeux se verrouillent sur toi. Une sensation d’hébétude. Je suis nulle part mais ailleurs. Les rafales d’armes automatiques ne sont que la pression du sang dans mes veines, la résonance des tirs de mortier fracassent mon cœur, je lâche prise, mes paupières ne se fermeront plus ou juste pour un bisou papillon sur toi.

Des fois tu sais pas pourquoi, tu réfléchis plus, tu te lances à l’instinct, tu balances tout, tu t’élances et avant d’avoir analysé et compris tu es en avance sur tes pensées, tes envies. Irréfléchi. Irraisonné. Je me retrouve dans le rue, longeant les lézardes des murs lépreux, m’arc-boutant pour passer inaperçu, ne respirant qu’une fois sur deux tant la mort pue, tant l’odeur du sang fait suffoquer, tant la fumée des armes prend la gorge mais mes yeux sont béants, ils ne fermeront plus, ils sont secs, sans couleur, sans émotions, des vitraux, des phares d’Ouessant ou d’Alexandrie perforant la monstrueuse nuit, tourner à droite pour revenir sur le boulevard où tu gis, putain m’aplatir j’ai surpris l’infrarouge d’un snipper et ramper un peu par-dessus des cadavres, des mecs qui râlent encore, des enfants disloqués, une vieille éventrée mais continuer, avancer, je ne ressens plus rien, ni peur ni haine mais une violence dans la tête, une folle envie comme un envie folle de te retrouver, de te prendre dans mes bras comme pour une nuit de noces.

Je repte comme avant le big-bang quand on était des larves, des simili-poissons en mutation, des lézards. L’instinct ça te vient de loin, du fin fond de l’univers, tu as du mal à croire que tu arrives de là !

Je te vois… je te reconnais… je m’approche et le connard planqué derrière le muret joue sa partition, comme un requiem, tac tac tac… tac tac !

Depuis les papillons ne font plus de baisers aux jolies filles en fleur.



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Gastonlebrave
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Gastonlebrave


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Date d'inscription : 14/09/2004

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MessageSujet: Re: J'aurais dû te dire que je t'aimais   J'aurais dû te dire que je t'aimais Icon_minitimeLun 20 Sep - 8:30

T'aurais pas dû t'inscrire pour ce voyage organisé. Je t'avais prévenu!
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grand(e) fêlé(e) du bulbe
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Nombre de messages : 5673
où t'habites? : Confins parages et contrées limitrophes
Date d'inscription : 14/09/2004

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MessageSujet: Re: J'aurais dû te dire que je t'aimais   J'aurais dû te dire que je t'aimais Icon_minitimeLun 20 Sep - 9:44

Quelle idée aussi de vouloir à tous prix assister à l'Université d'Eté du PS!!!
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MessageSujet: Re: J'aurais dû te dire que je t'aimais   J'aurais dû te dire que je t'aimais Icon_minitime

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