Et toi, petite sœur, assise,
Quelque part dans le noir
Du fond de ton désespoir,
T'as le cœur qui saigne
Des torrents de larmes.
T’as besoin de calme.
Et ils te tournent tous autour
Comme des planètes géantes
Aux bouches béantes.
Et toi, tu fermes les yeux
Tu plaques les mains sur tes oreilles
Pour ne plus entendre
Leurs longs discours,
Qui en disent si peu.
T’as même pas commencé de briller,
Qu’ils t’éteignent déjà.
Et puis ça commence très tôt
Sur les bancs de l’école
On te roue de coups,
Parce que t’est pas comme eux.
Et toi, t’es trop gentil !
« Ah bon ! y faut que je devienne méchant
Pour pouvoir exister !
Exister, c’est pas ça pour moi, maman,
J’ai trop mal ! »
Allons pleure pas, petite sœur,
Cache tes larmes.
Faut surtout pas montrer
Que t’as un cœur qui bat,
Dans ce monde ici bas,
Car à la foire des cœurs,
L’avarice est de mise
Et moins t’en as (du cœur),
Plus tu doubles la mise.
Faut surtout cacher tout ça.
Tout ce que t’as au fond de toi,
Toi, qui aime les choses simples,
Montre pas tes faiblesses,
Y’a pas besoin de coup pour tomber
Et si tu tombes, on n’ te releveras pas
Et toi, qui ramasse les papiers par terre
Juste avec l’espoir un peu fou
D’nettoyer la planète,
Y’en auras toujours pour te dire
« Mais quel con celui là ! »
Y’a des gens payés pour ça !
Alors, Petite sœur,
T’as des doutes, c’est humain
Et puis t’entend rien au hasard
Et puis c’est pas du plagiat,
C’est juste une autre façon de voir.
Et toi, assise, quelque part dans le noir
Et toi, quelque part dans ta misère
Et toi, sur le trottoir,
Qu’avait rien demandé d’autre,
Que pouvoir exister un tout petit peu
Et qu’on te laisse ta place.
Une place…
Car y’a de la place pour tout le monde,
Quand on sait partager,
Pensais tu petite sœur, avec naïveté.
Et toi, terré dans ton silence,
Y’en a d’autres, qui parlent mieux pour toi,
Qui parle mieux que toi.
Même que tu leur a rien demandé.
Mais ils ne savent pas les secrets,
Ce que toi t’as vu dans tes rêves d’enfant.
Et toi, qui restes là raisonnable
Dans ton costard cravate
Et toi la blouse blanche, oui toi,
T’as pas compris le sens.
On te donne des images, petit mouton noir
Rien que pour apaiser ta soif,
Eloignes toi des bruits de la foule.
Regarde pas, quand on regarde en bas.
Y’a des fontaines si belles
Que ce ne sont qu’ des reflets
Y’a des oasis que tu verras jamais
L’eau est plus pure et bien plus noble
Même si je la bois aux écuelles.
Elle apaise ma soif.
Et toi rêve de cristal…
Le verre, ça se brise.
Regarde derrière ton dos
Y’a toujours quelqu’un qui te suit
T’y verras que son ombre,
Avant d’y voir plus clair
Et fait bien attention,
Le chemin est si long
Le poids sur tes épaules
Si lourd à porter.
Y'en aura toujours
Qui essaieront de t’attirer
Hors des sentiers battus,
Pour te faire croire que c’est seulement
Pour écouter le chant des oiseaux.
Mais le chant d’un oiseau, ça n’ s’oublie pas !
Alors, oublie pas petite sœur !
Qu’y a des miséreux qui demandent rien
Et puis y’a ceux qui font semblant
Et qui disent rien
Mais qui en cachent tant.
Et toi, petite sœur,
Quelque part dans le noir,
Du fond de ton désespoir,
T’as mal au ventre
Et tu traînes les pieds.