Tu peux dormir encore.
(Sur un tableau de Balthus.)
Ton corps tout amolli qu'une moiteur vernisse
En travers de ce lit en désordre où tu peux
T'abandonner encor sans crainte du lupeux,
Est frais comme un ruisseau au coeur d'une oasis.
L'abricot velouteux que le poids de ta cuisse
Qui s'écarte hors du lit étire juste un peu,
Montre dans l'ombre bleue de ton ventre pulpeux
L'iota juvénile où la lumière glisse.
Le temps n'est pas venu, non, des estafilades
Que trace le couteau dans la chair des grenades,
Tu peux dormir encor, la joue contre ta main.
Je devine pourtant l'inquiète tourmente,
- Pour moi c'était hier, toi, ce sera demain -
Qui fatigue ton rêve et t'éveille dolente.
(14/01/04)
La Dumka