MONTPELLIER (AFP) - Pour lutter contre la violence des jeunes, un centre socio-culturel municipal de Montpellier a décidé de lancer une "école des bonnes manières" où l'on apprend, tout simplement, la politesse.
Installée au coeur de la Paillade, un quartier populaire de la ville, la "Maison pour tous" envoie même ses éducateurs prêcher la bonne parole à l'intérieur des établissements scolaires ou auprès des associations.
"Les cours d'éducation civique à l'école n'abordent pas forcément le sujet. La politesse, c'est un ensemble de petits gestes qui nous aident à mieux vivre ensemble", explique Arsène Bouakira, directeur du centre montpelliérain, soucieux aussi de "prendre le relais de parents parfois dépassés".
Cet homme jovial n'hésite pas à se transformer lui-même en maître d'école pour enseigner, devant le tableau noir, les principes premiers d'une bonne éducation.
La pédagogie se décline sous forme de tests conçus sur des thèmes de la vie quotidienne tels les transports en commun: "Laisser la place à une personne âgée", "ne pas s'étaler sur la banquette" ou "saluer le chauffeur de bus" figurent ainsi parmi les préceptes inculqués.
"La politesse vous permettra de réussir dans votre vie professionnelle et aussi de faire tomber les préjugés et le racisme", avertit Arsène Boukira, devant un public notamment composé de jeunes originaires du Maghreb, dont il espère faire des "ambassadeurs de leur quartier".
Pour certains, remarque-t-il, les règles de politesse nécessitent une "adaptation culturelle", à l'image de Rachida, une habitante de 17 ans, étonnée de devoir "dire bonjour à son voisin de siège dans le bus". "Même si je ne le connais pas ? Franchement, je croyais que cela ne se faisait pas", murmure-t-elle, en rougissant sous son foulard.
Directeur de l'école primaire Heidelberg, Philippe Barbera a demandé à recevoir des cours de politesse dans son établissement après un énième épisode de violence.
"Les difficultés de comportement commencent dès le CM1 et font parfois craquer les enseignants", souligne-t-il, admettant ne pas toujours savoir "par quel bout aborder le problème".
Les réflexions sur l'indiscipline, formulées par les enfants, serviront de matériau pour élaborer des jeux de rôles basés sur des scènes de la vie quotidienne.
Invités à rédiger des lettres sur la question, ces élèves d'une dizaine d'années ont touché le personnel de l'établissement. "Il faut arrêter de se battre parce qu'une école est faite pour apprendre des choses", a ainsi écrit l'un d'eux.
Selon Arsène Bouakira, qui espère attirer par son initiative l'attention de l'Education nationale, "l'idéal serait de faire un cours de politesse au moins une fois par semaine".