vendredi 13 mai 2005, 19h48
L'homme nu du "non", "tout sauf un mouton"PARIS (Reuters) - Avant de bondir d'un balcon du Sénat jeudi, vêtu d'un simple string tricolore et en hurlant "non" à la Constitution européenne, Olivier Kimmel s'est entraîné un mois durant à sauter dans les
falaises de Bretagne.
Le jeune homme de 27 ans, qui votera "non" le 29 mai comme "le courant Dupont-Aignan, de Villiers", a également cherché pendant longtemps un pantalon qui puisse s'enlever rapidement tout en gardant ses baskets. "Si j'avais sauté les 4,5 mètres sans chaussures, je me serais tué", raconte-t-il à Reuters.
Vingt-quatre heures après avoir été emporté manu militari par deux huissiers hors du Sénat, en pleine séance de questions d'actualité, le jeune consultant s'en tire avec une cicatrice au front et une simple "main courante" dans les registres de la police.
Il s'attendait tellement à être placé en garde à vue qu'il avait posé une journée de RTT vendredi, qu'il a finalement passée à prendre contact "avec des émissions de divertissement".
Le président du Sénat, Christian Poncelet, a finalement décidé de ne pas porter plainte après avoir reçu une lettre d'explications dans laquelle Olivier Kimmel dénonce les "dérives médiatiques" de la campagne, au détriment du "non".
"Le CSA ne comptabilise pas le temps de parole de l'ensemble de nos élites politiques sous couvert d'une coutume qui n'a aucun fondement, ni juridique ni institutionnel", notamment les interventions télévisées du chef de l'Etat en faveur du "oui", ajoute celui qui a pourtant "toujours voté Chirac aux présidentielles".
"TROUPEAU DE MOUTONS"
Il s'emporte également contre le financement européen de la campagne en faveur du traité constitutionnel et la brochure envoyée par le gouvernement aux électeurs français, un "plaidoyer pour le 'oui'", selon lui. "Dans ces conditions, pensez-vous vraiment que nos élites nous donnent envie de croire en la démocratie ?", demande-t-il aux sénateurs.
Avant de passer à l'acte, l'intrépide a assisté à plusieurs séances publiques de la haute assemblée, comptant le nombre de policiers et calculant la hauteur des balcons.
Après plusieurs séances d'entraînement en
Bretagne, il a choisi son slogan, qu'il a crié en sautant jeudi après-midi: "On n'est pas des moutons et encore moins des moutons noirs", allusion à l'expression utilisée par Jacques Chirac pour mettre en garde contre l'isolement de la France en cas de victoire du "non".
"En journée, dans le métro, on donne l'impression d'être un troupeau. Mais le soir, on réfléchit", insiste-t-il, ajoutant avoir préparé son "happening" seul mais encouragé par quelques amis. Ses parents, tous deux tentés par le "non", ont appris la nouvelle jeudi soir.