Et voilà, ma montre s’en est allée.
Elle est partie pour le grand rendez-vous
Des horloges et des coucous
Pour choisir l’heure qu’il faudra indiquer.
Outre ma montre,
J’ai perdu mon passe-temps favori
Qui consiste,
Je sais c’est idiot,
A regarder le temps qui passe.
Finie la révolution permanente, le temps s’arrête.
Interrompu dans sa fuite en avant, il se fige.
Il attend que reviennent les pendules
Avec la bonne heure à leurs cadrans.
Lui suspendu, moi interdit, ensemble on s’ennuie.
Je lui parle de ma jeunesse,
De ce temps qui ne reviendra pas.
Lui raconte ses ballades interminables
Le long des fuseaux horaires.
Libre ou révolu, le temps à venir semble incertain.
Nous devisons sur la course imbécile
Des aiguilles autour de leur pivot.
Elles auraient pourtant mieux à faire
Les aiguilles !
Travailler chez Singer,
Embaucher aux Canuts de Fourvière.
Non,
Elles préfèrent tourner
Tel un derviche pathétique,
Tourner dans une ronde
A vous donner le tournis.
Une brise se lève,
Le vent nous glace les os.
Le temps se couvre et s'enfuit.