Bug sur l'A71
L'électronique (mal) embarquée de sa Vel Satis a lancé un automobiliste à plus de 200km/h sur l'autoroute entre Vierzon et Clermond-Ferrand. Une panne encore mystérieuse pour le constructeur.
Par Christophe ALIX
lundi 04 octobre 2004 (Liberation.fr - 20:27)
Les voitures intelligentes risquent-elles de «conduire» un jour à des accidents dignes d'un film catastrophe ? Après le terrifiant bug arrivé dimanche soir à une Vel Satis Renault sur l'autoroute A71 entre Vierzon et Clermont-Ferrand, la question pourrait bien s'inviter sans formule de politesse dans les discussions de salon au Mondial de l'Automobile parisien qui ferme ses portes en fin de semaine. «Jamais vu» de mémoire de gendarme, l'incident survenu pendant près d'une heure à cette grosse berline lancée à près de 200 km/h, avec un conducteur informant par téléphone portable les forces de l'ordre de son incapacité de s'arrêter et la menace d'un crash sur une barrière de péage a bien de quoi refroidir les ardeurs du plus «high-tech» des conducteurs.
Il est un peu plus de 21 heures lorsque les gendarmes du peloton d'intervention autoroutier du Puy-de-Dôme sont informés par leurs collègues de l'Allier qu'une Vel Satis V6 Diesel se dirige à très vive allure vers la barre de péage de Gerzat, aux abords de l'agglomération clermontoise. Avec son téléphone portable, le conducteur âgé d'une trentaine d'années a pu alerter les gendarmes de Vierzon, qui leur ont fait suivre l'information.
Allure excessive puis emballée
D'après son témoignage rapporté par les gendarmes, le conducteur, apparemment «très sensé», ne réussit ni à freiner et «grille» très vite ses plaquettes de frein, ni à couper la marche avant enclenchée sur sa boîte séquentielle automatique, ni à couper le contact. Sans doute «déjà excessive» d'après un gendarme, son allure se serait totalement «emballée» après que le stabilisateur de vitesse, activé, a amené le moteur à monter en régime dans une côte, sans plus revenir ensuite à la normale.
Prévenu par les gendarmes, la radio Autoroute Info demande aux véhicules de s'arrêter sur la bande d'arrêt d'urgence. A la barre de péage, le personnel est évacué à la hâte des cabines et une ouverture plus large fléchée sur la voie réservée aux convois exceptionnels. Objectif : éviter tout dégât collatéral, en espérant que le bolide va bifurquer vers l'A72 et Lyon et non continuer vers les virages de Coudes, 20 kilomètres plus loin, qui lui seraient fatals. Peu avant 22 heures, à une quinzaine de kilomètres de la barre fatidique, le véhicule finit par s'immobiliser après que le conducteur eut informé ses interlocuteurs qu'il était prêt «à se jeter dans le fossé».
Véhicule intact
Venu pour remorquer la Vel Satis, le dépanneur affirme avoir découvert un véhicule intact, sans aucune panne apparente. Il dit même l'avoir hissé sur son camion en le manœuvrant «au moteur, normalement». Le remorqueur refera la même manœuvre ce matin pour l'emmener chez un concessionnaire Renault à Clermont-Ferrand. Chez le constructeur qui a réuni cet après-midi une «réunion de crise» et activé ses experts sur cette panne électronique spectaculaire, on ne cache pas son étonnement. «Que ni le régulateur de vitesse, ni le freinage, ni le point neutre de la boîte de vitesse, ni même le bouton stop and start du démarreur électronique n'aient répondu sont autant de sujets d'étonnement», dit-on chez Renault.
Où l'on refuse néanmoins de se prononcer plus avant, en attendant le résultat des expertises, qui, vu l'ampleur qu'aurait pu prendre l'événement, ne devraient pas tarder à se multiplier. «J'ai arrêté le véhicule comme j'ai pu, au risque de ma vie que je dois aux gendarmes mais il est intact, conclut l'automobiliste joint dans la soirée par Libération. Pour le reste, je n'ai rien à vous dire, j'ai passé un accord avec Renault». Mystère électronique et boule de gomme.