LE FOL UNIVERS DE GASTON LEBRAVE
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 L'autre

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Rhita
allumé(e)
Rhita


Nombre de messages : 67
où t'habites? : Maroc
Date d'inscription : 24/06/2005

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MessageSujet: L'autre   L'autre Icon_minitimeSam 21 Oct - 16:55

Longtemps le rêve a déserté mon sommeil. A croire que je ne fais que sombrer dans la phase delta qui a prit le monopole de ma demi-mort. J’ai perdu le code d’accès de cette porte où je me réjouissais de glaner les signes susceptibles de me renseigner sur mes peurs enfouis, mes joies inachevées, mes désirs non avoués…
Chaque soir je prépare soigneusement mon retrait de la vie afin d’épouser ma passivité dans l’espoir de rencontrer l’autre. Cet être énigmatique qui ne cesse de m’échapper malgré son omni présence. Sa voix diffuse m’interprétait jadis les scènes de mes rêves et me rappelait le matin ce que j’ai vécu la veille.
Je le soupçonne même de parler à ma place et rares sont les occasions où j’ai pu échapper à son emprise en disant le contraire de ce qu’il me suggérait.
Faire le vide dans ma tête est une entreprise vaine car il insiste à raisonner en moi et m’empêche de gouter à la solitude. On ne peut se retirer qu’avec soi même et ce soi même est inévitablement l’autre.
Avant de pénétrer le delta de mon sommeil, ma mémoire joue à la diffusion de certains flashes de ma défunte journée. Une fois la bande épuisée, elle me projette vers ma vie écoulée dans un rappel agaçant dont je peine à m’arracher ne serait ce que pour m’aérer l’esprit avec mes rêveries bien contrôlées, où je jouais le rôle tant désiré, celui que j’aurais du mettre en scène à ma guise si j’étais capable de m’extirper à la pesanteur sociale.
Le sommeil ne tarde pas à s’installer et c’est l’extinction totale jusqu’au retentissement de cette maudite alarme.
Dimanche dernier ma passivité m’enlaçait et avait l’air de jouir de la lourdeur qui m’habitait. Je devais lutter contre la tentation d’un bon café et d’une délicate cigarette. L’autre m’incitait à me libérer de ce serment qui m’empêche de céder à mes désirs les plus élémentaires. Il s’est octroyé mes envies et les réclamait avec insistance prétextant que je ne choquerais personne tant que je suis dans l’intimité de mon être.
Dans ma tète retentissait plutôt l’intimité de mon autre, ce néant qui peut tout se permettre sous l’égide de son invisibilité.
Le vertige m’emportait et j’avais du mal à bifurquer mon esprit de ce dialogue où il m’embarquait me mettant ainisi face à moi-même. Cette voix commence à me lasser par sa cruauté et sa crudité.
J’arguais le respect des autres mais la résonance de mes autres qui remplissaient ma tête se faisait de plus en plus agaçante. Ils me rappelaient l’interview de jamal el benna qui insistait sur le fait que la liberté du culte et des consciences faisait partie de l’islam et que le port du voile n’était guère un précepte. Je me revoyais valser sur ses cordes vocales. Cet homme d’un certain âge, issu d’une famille d’une piété ancestrale déclarait sur une chaîne saoudienne que les hommes et les femmes faisaient leurs ablutions ensemble ce qui impliquait qu’elles n’étaient guère voilées et c’est le Kalifa omar ibn el khattab qui a abolit cette mixité pour des raisons qui lui sont propres. Il déclarait l’islam de mon enfance textes à l’appuie, un islam de liberté où il n’y avait autre juge que dieu et où il n’y avait aucune répulsion entre le pieux et son opposé. Je buvais les mots de ce troubadour de liberté menacé par les constipés des ténèbres et qui se félicitait de se donner corps et âme à cette noble cause.
Le tumulte remplissait ma tète et me persuadait que nul ne peut se vanter d’avoir fait l’expérience de la vraie solitude sans risquer de sombrer dans la démence si les voix qui l’animaient venaient à s’éteindre.
Je m’enlisais dans ce délire quand je fus éjecté de ce duel par un tambourinement à la porte. Il m’a fallut un bon moment pour me situer dans cette demi-lune de ce mois dont le sacré commençait à m’échapper.
Dans ma torpeur j’ai ouvert la porte sans consulter mon mouchard et je fus terrifiée par la vue de mon visiteur.
Un crayon haut comme un enfant de cinq ans me toisait. Terrassée je fais un saut en arrière et commence sans m’en rendre compte à damner Satan.
Mon hôte prit place dans mon salon en émettant un horrible ricanement. J’invoquais mes autres afin de m’expliquer cette hallucination mais le silence régnait. Suis-je victime d’un complot ?
Ni les gifles que je m’infligeais ni les pincements ne faisaient disparaître ce crayon qui s’il n’était pas animé m’aurait donné envie de le posséder.
Je décide alors d’opter pour la ruse et de jouer à la décontractée que rien ne perturbe.
-mais je te connais tu es le compagnon de Tym !
-j’ignore de qui tu parle
Dieu du ciel ce salaud parle et a l’air de bien maitriser son langage.
-celui d’Ydel alors ?
-arrête de me prendre pour un con.
Arrogant par-dessus le marché, soit il ne me reste plus qu’à me plier à ses règles. Je m’asseye sur le fauteuil en face en faisant signe que je suis prête à écouter.

-je ne suis pas le crayon de Tym et encore moins celui d’Ydel, j’aurais adoré les avoir comme maître. mon compagnon m’a égaré par insouciance et m’a condamné ainsi à errer dans les ténèbres du silence. Je me nomme Mot et je suis assoiffé de la feuille blanche. Ma mine est rouillée et le silence m’encombre mais ceci n’a pas l’air de t’importer.
-Mais ..
-Je viens directement de cette prison dans laquelle tu m’as cantonné par pure lâcheté, oui lâcheté et le mot et encore faible pour décrire ce que tu m’as fais subir en me laissant suspendu à une mince virgule. Madame est affairée ailleurs à croire qu’elle démolit des montagnes. Tu veux que je te cite ? « je rentre lessivée du travail » tu ne peux jouer à ce jeu là avec moi je te connais mieux que quiconque et tu sais au fond de toi la vraie raison de ton égarement.
-Ah oui ?
-Tu veux que je te cite encore mais cette fois ci je vais puiser dans tes intimes réflexions « si je déballe le fond de ma pensée je serais à la merci des marchands des ténèbres et je n’ai aucune structure pour me protéger » parlons plutôt de ton manque de confiance qui fait que tu te lis et relis sans cesse au point de trouver ce que tu as écris d’une fadeur telle que tu n’ose même plus me calculer. Je me passionnais à chaque ébauche de texte que tu avortes sans scrupule sous prétexte que tu n’as pas les compétences requises pour t’attaquer à des sujets qui te brulent les neurones et t’empêchent même de rêver
-Attends mais comment tu sais ça ?
-J’en suis la cause directe et tant que tu persistes à me tenir en lisières je capturerai tes rêves.
-tu es…
-je suis tout cela, oui les voix dont tu ne cesse de te plaindre et qui t’empêche de vivre la vraie solitude comme si tu allais découvrir ainsi le nirvana. Remet les mains sur ton clavier et arrête de nous bassiner avec tes jérémiades ou si non tu sauras ce qu’est la tortueuse solitude quand on t’aura tous quitté
Je hurlais de colère contre cette espèce de Mot qui n’a aucune définition quand la sonnerie du téléphone me réveilla en sursaut
-Allo ?
-Bon Ramadon, ne me dis pas que tu dors encore ! lève-toi si non tu vas devoir rembourser cette journée.
-euh
-dis, pour la nuit du destin tu veux bien m’accompagner à la mosquée ?
-j’aviserai le moment venu, mais tout compte fait je préfère rester chez moi et surveiller le ciel.
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