Avec l'aimable autorisation de l'auteur
On m'a coupé les cheveux en quatre. On m'a creusé la tête pour y injecter du plomb fondu qui m'a brûlé la cervelle. Ensuite, on m'a lavé le cerveau avec de l'eau de Javel. On m'a courbé le front pour le faire suer dans un four à pain. On m'a tordu la nuque. On m'a muré les oreilles après y avoir versé des milliers de puces. On m'a refroidi les yeux, on me les a frappés avec des compas. On m'a tiré les nerfs du nez, on me l'a piqué, bouffé, on m'a mené par son bout jusqu'à celui du rouleau. On m'a calé une joue (et tendu l'autre par charité chrétienne). On m'a claqué des dents. Ma langue a non seulement été pendue, mais aussi râpée, mordue, retournée sept fois, piétinée par un bœuf et finalement donnée à un chat qu'on m'a enfoncé dans la gorge. On m'a enlevé des morceaux de la bouche pour les remplacer par des culs de poule. On m'a cousu les lèvres. On m'a haussé le menton. On a ri dans ma barbe. Comme je persistais à nier l'importance de sauver la face, on m'a taillé le visage à la serpe, puis on m'a fendu la gueule.
Pascal Kaeser